Biologie hospitalière

Interview avec André-Guy Combremont, praticien-hospitalier et chef de service du laboratoire de biologie au Centre hospitalier de Saint-Quentin (02) 

Au laboratoire de biologie médicale du Centre hospitalier de Saint Quentin, lors de l’épidémie de COVID-19, le choix s’est porté sur le test VIDAS-SARS-COV-2 IgG en complément d’autres techniques. Ce test dirigé contre la protéine Spike de la membrane virale permet d’évaluer la présence d’anticorps neutralisants sous forme de résultat semi-quantitatif (sous forme d’indice). Alliant le meilleur ratio entre sensibilité et spécificité, leurs résultats pourraient être de bons indicateurs de la gravité de la maladie des patients atteints de Covid-19, selon le praticien-hospitalier. 

« Depuis mon arrivée à la tête du laboratoire de biologie médicale de Saint-Quentin, en août 2018, j’ai eu à cœur de moderniser notre équipement, pour répondre aux exigences des cliniciens, mais aussi pour assurer une prise en charge optimale des patients »

indique André-Guy Combremont

[VIDEO]  Le chef du service de biologie médicale du CH de St Quentin (02), André-Guy Combremont, développe ce sujet dans un entretien avec le Journal International de Médecine.

Cette qualité est importante pour le biologiste dont le Centre hospitalier de Saint-Quentin est  l’établissement support du groupement hospitalier de territoire d’Aisne-Nord-Haute-Somme, qui  regroupe les hôpitaux de Saint-Quentin, Chauny, Ham, Péronne et Guise, et draine un bassin de population de 200 000 personnes. 

Traitant 600 à 700 dossiers par jour, le laboratoire de Saint-Quentin est désormais doté d’un plateau technique de 700 m2 comprenant une chaîne complète de biochimie (deux centrifugeuses, trois automates Vista, un automate Centaur, un frigo complet), deux automates d’immunoanalyse (l’Architect I2000 et le VIDAS3), de la culture cellulaire, un spectromètre de masse, et depuis peu, du système de biologie moléculaire. 

Trois automates pour un diagnostic optimal de la Covid-19

La RT-PCR demeure l’outil de choix pour poser le diagnostic de la maladie Covid-19. Aussi, dès le début de la crise, André-Guy Combremont, soutenu par ses collègues cliniciens, a convaincu sa direction de faire l’acquisition d’un automate de biologie moléculaire, « pour un rendu de résultats en deux heures ». Mais afin de confirmer le diagnostic de COVID-19 des patients RT-PCR négatifs, dont les images de scanner thoracique étaient en faveur d’une infection, des tests sérologiques s’avéraient indispensables. Sur les recommandations du Pr Castelain, cheffe du pôle virologie au CHU d’Amiens, André-Guy Combremont s’est alors tourné vers ses fournisseurs habituels en immunologie : bioMérieux et Abbott.  

« Alors que la crise sanitaire battait son plein, notre direction nous a demandés de tester tout le personnel, ce qui représentait pour nous un énorme défi. Nous avons alors opté pour des tests sérologiques sur l’I2000, étant donné le volume de tests. À cette période, nous réalisions quasiment 250 tests par jour, et presque 1500 tests à la semaine »

se souvient André-Guy Combremont

Pourtant, le laboratoire se retrouve parfois face à des discordances, avec des RT-PCR positives et des anticorps dirigés contre la nucléocapside viral  négatifs e, ou avec des RT-PCR négatives et un tableau clinique et un scanner thoracique évocateurs d’une infection.

« Aussi, nous avons décidé de recontrôler tous ces cas sur nos automates VIDAS. Je connaissais les qualités des automates VIDAS depuis longtemps »

reconnaît le praticien-hospitalier

« Nous utilisions déjà le VIDAS à Saint-Quentin notamment pour la toxoplasmose, un test phare sur cet automate, ainsi que pour la détection de la maladie de Lyme »

Ainsi, sur les 2000 soignants testés, 6,7 % avaient une sérologie positive, et l’utilisation des tests sérologiques VIDAS a permis de confirmer la positivité de plusieurs cas douteux. 

« Le test VIDAS Sars-CoV-2 IgG va plus loin en termes de précision, de rapidité et de fiabilité. Ils détectent la protéine Spike de la membrane virale, qui est notamment utilisée pour l’élaboration des vaccins, et permettent d’avoir une approche semi-quantitative du taux d’anticorps neutralisants et de suivre leur évolution ».

Bénéfice du test VIDAS Sars-Cov-2 IgG

Actuellement, le laboratoire de Saint-Quentin utilise les tests sérologiques SARS-CoV-2 VIDAS en seconde intention, juste derrière les analyses par RT-PCR. Il réalise 20 tests par jour environ.

« Nous avons remarqué une corrélation entre le taux d’anticorps qui se lient à la protéine Spike et la gravité de l’infection. La concentration en anticorps anti-Spike chez les patients hospitalisés dépasse souvent le seuil de 10 UI/mL, allant même jusqu’à 20 à 30 UI/mL chez les patients les plus gravement atteints. Elle est davantage égale ou inférieure à 5 UI/mL chez les personnes peu symptomatiques »

révèle le chef du service

Les tests VIDAS dirigés contre la protéine Spike renseignent aussi l’équipe du laboratoire médical de Saint-Quentin sur le devenir du patient malade. Si la majorité des patients n’est plus contagieuse au bout de 14 jours, le responsable de laboratoire a tout de même pu constater que certains malades restaient positifs à la RT-PCR pendant plusieurs mois. Dans ce cas, la sérologie aide à suivre leur évolution. En témoigne, ce clinicien infecté avec des symptômes aggravés, dont le taux d’anticorps anti-Spike dépassait les 10 UI/mL pour se stabiliser trois mois plus tard à 5 UI/mL. La littérature s’enrichit chaque mois de nouvelles données et permettra sans doute de définir dans quelques temps le taux d’anticorps anti-Spike requis pour être prémunis d’une infection par le Sars-CoV-2.

Ce dosage reste toutefois à accréditer, mais le praticien souligne « sa qualité analytique, sa facilité d’utilisation et de calibration ». 

Une expérience humaine inoubliable

« Avec la crise sanitaire, un rapprochement exceptionnel a eu lieu avec tous les cliniciens impliqués »

souligne André-Guy Combremont

À Saint-Quentin, sa prédécesseure avait instauré la participation des cliniciens aux commissions de laboratoire, où les biologistes présentaient leurs orientations et revoyaient leurs critères d’alerte, ce qui avait déjà favorisé les relations entre collègues. « La crise a optimisé nos interactions et intensifié notre dialogue», réalise André-Guy Combremont.

« Elle nous a fait vivre des moments forts en adrénaline. Et elle a également permis une prise de conscience de la valeur médicale du diagnostic  »

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