Editorial de Claude Mabilat, Global Medical Director, Solutions (AMR / AMS – Sepsis) sur le bon usage des antibiotiques

La crise du COVID marque cette année encore la société en général et la communauté médicale en particulier. Elle a eu un impact disruptif sur les programmes de bon usage des antibiotiques, du fait de la réaffectation des priorités. Ceci se reflète dans les données de consommation d’antibiotiques: une baisse marquée de 23 % des délivrances en ville a été constatée par rapport à l’attendu depuis le début de l’épidémie de mars 2020 jusqu’en avril 2021 (données EPI-PHARE et système national des données de santé (SND)), tandis qu’à l’inverse à l’hôpital le taux de recours à l’antibiothérapie chez les patients hospitalisés pour COVID-19 était supérieur à 70 % lors de la première vague en France et dans le monde, en tant qu’”assurance tous risques” par rapport à l’incertitude du diagnostic de pneumonie et de co-infection bactérienne (Langford CMI 2020). Cependant l’évolution des connaissances a permis une baisse importante sur  cette même population en France, par exemple 38% dans un hôpital représentatif sur la période de Septembre à Décembre 2020 (Ourghanlian et al. JNI 2021). Il est encore trop tôt pour prédire l’impact sur le niveau de résistance qui sera certainement variable selon les contextes: en ville, à l’hôpital et ses différents services, en établissement de soins de longue durée.

Plus que jamais la lutte contre la résistance aux antibiotiques, cette “crise sanitaire lente/ou « Silent Pandemic » comme la nomment les anglo-saxons s’impose à travers la restauration ou la poursuite des programmes de bon usage des antibiotiques (ou « antibiotic stewardship »).

C’est l’occasion pour les laboratoires de reprendre l’initiative et de rappeler leur rôle essentiel dans l’aide à la prescription tout au long de la stratégie d’antibiothérapie: initiation, optimisation, et durée du traitement. Ceci aussi bien grâce à la qualité et à la rapidité des résultats délivrés qu’aux conseils aux prescripteurs ou aux équipes interdisciplinaires, comme par exemple sur l’interprétation des résultats d’antibiogramme ou des CMI (Concentrations Minimum Inhibitrices). Plus que jamais bioMérieux reste engagé dans le développement de solutions innovantes au service des laboratoires dans tous les domaines de la prescription antibiotique ainsi qu’en témoigne cette publication: test rapides COVID-19 et panels syndromiques, rapidité de l’identification microbiologique et de l’antibiogramme, productivité du laboratoire, et de plus en plus dans les outils digitaux de support à la décision.

En permettant de déterminer plus rapidement et plus précisément le traitement le plus approprié, ces outils apportent un bénéfice médical direct pour le patient en même temps qu’ils permettent des économies pour les budgets hospitaliers et les systèmes de santé. C’est cette valeur du diagnostic in-vitro, souvent méconnue des décideurs mais auquel (à laquelle) la crise actuelle apporte un formidable éclairage, qu’ensemble nous devons prouver et promouvoir, notamment à travers des études médico-économiques.

Quel meilleur engagement pour le bien commun ?

« La préservation de l’efficacité des antibiotiques passe par une diminution de leur consommation : l’objectif global de notre stratégie nationale est de la réduire de 25 % d’ici à 2024. »

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