L’administration d’un traitement antimicrobien est essentielle pour traiter les infections sous-jacentes à l’origine du sepsis. Cependant les protocoles thérapeutiques peuvent parfois être en contradiction avec les recommandations sur les bonnes pratiques d’usages des antimicrobiens. Un alignement plus fort entre les protocoles thérapeutiques des patients sepsis et les programmes de bon usage des antimicrobiens, ainsi qu’une prise de conscience accrue de la relation entre les deux, peuvent aider à équilibrer ces deux aspects essentiels de la prise en charges des patients.
L’administration en temps opportun d’antimicrobiens constitue un aspect vital de la gestion du sepsis. En effet, la recherche montre une forte corrélation entre le délai d’attente du traitement antimicrobiens adéquat et la mortalité chez les patients atteints de sepsis. Cependant, la nécessité d’administrer rapidement un traitement efficace peut amener les cliniciens à se tourner vers des agents antimicrobiens à large spectre, ce qui peut contribuer à une résistance accrue aux antimicrobiens.
L’article «Antimicrobial Stewardship in the Management of Sepsis» pose le problème de l’initiation rapide d’antibiotiques à large spectre par la question de savoir comment diagnostiquer le sepsis. Les lignes directrices actuelles sur le sepsis peuvent être trop générales et manquer de spécificité non seulement pour diagnostiquer un sepsis, mais aussi pour déterminer l’occurrence d’effets indésirables.
« Il n’est pas rare que des patients présentant des cas d’infections courantes sans complications (par exemple : grippe, pneumonie ou pyélonéphrite) répondent à cette définition largement utilisée de sepsis »,
indique l’auteur.
Selon un article publié en avril 2019, « La combinaison de critères de diagnostic inadéquats du sepsis et de l’importante pression temporelle pour fournir une thérapie antimicrobienne à large spectre est troublante du point de vue des bonnes pratiques d’usage des antimicrobiens. » La recherche montre le besoin de directives de gestion du sepsis plus efficaces qui correspondent mieux aux objectifs des programmes de bon usage des antimicrobiens. Une prise de conscience accrue de la relation entre les deux efforts peut être un pas dans la bonne direction.
Communiquer le lien entre le sepsis et la résistance aux antimicrobiens
Le sepsis et la résistance aux antimicrobiens (AMR) ont une relation significative. Pour traiter le sepsis, les médecins doivent traiter l’infection en cause. Si le germe impliqué dans l’infection est résistant aux antimicrobiens, le traitement peut être difficile, voire impossible. Cependant, les reportages des médias et/ou les campagnes de santé publique sur le sepsis et la résistance aux antimicrobiens sont rarement présentés ensemble, ce qui entraîne un manque de compréhension de la façon dont les problèmes sont liés.
Les reportages des médias sur le sepsis ont tendance à accroître l’intérêt du public en partageant des récits personnels et en identifiant des solutions immédiates qui sont à la portée des professionnels de la santé et du public. Cela les rend efficaces dans la prise de conscience et les actions positives. Les communications sur la résistance aux antimicrobiens sont souvent différentes. L’AMR est souvent présentée comme une menace pour la santé affectant les futurs patients et impliquant de multiples facteurs.
« Étant donné la tendance des décideurs humains à préférer les récompenses à court terme aux récompenses différées… cet aspect des reportages médiatiques n’encourage pas la responsabilité individuelle ou la motivation pour optimiser l’utilisation des antimicrobiens »,
déclare l’article de 2019.
De plus, la responsabilité individuelle peut devenir diffuse car le message AMR interpelle tout le monde en même temps et peut ne pas proposer de démarches concrètes pour une personne. Ces aspects contribuent chacun à des difficultés de sensibilisation et d’incitation à l’action.
De nouveaux protocoles et de nouveaux moyens de diagnostics peuvent aider à aligner la gestion de la prise en charge des patients sepsis et le bon usage des antimicrobiens
Les stratégies de bon usage des antimicrobiens, y compris les protocoles de désescalade et la réduction de la durée du traitement antibiotique, peuvent aider à aligner les protocoles thérapeutiques sur le sepsis et les bonnes pratiques d’usage. Cela peut aider à limiter les effets secondaires indésirables résultant d’un traitement antimicrobien prolongé et la contribution au développement de micro-organismes résistants.
Au centre de ces stratégies se trouve le laboratoire d’analyses de biologie médicale. Environ 70 % des décisions médicales pour la prise en charge des patients sont basées sur des résultats de laboratoire. Par conséquent, les outils qui réduisent le temps nécessaire pour détecter et identifier l’infection peuvent être particulièrement bénéfiques. Correctement utilisés, les résultats de diagnostics biologiques peuvent aider à la prise de décision clinique, contribuer à l’amélioration de la santé des patients et renforcer les pratiques de bon usage des antimicrobiens.
Enfin, le recadrage du message actuel sur l’AMR pourrait avoir un impact sur la compréhension de la relation entre le sepsis et l’AMR. L’AMR est un problème actuel avec des conséquences pour les cliniciens et les patients. Il est essentiel de lutter contre la résistance aux antimicrobiens dans des domaines tels que la gestion du sepsis, où fournir les meilleurs soins aux patients rend ce défi essentiel à surmonter.
Source Article : Sepsis Management and Antimicrobial Stewardship Programs : Strengthening the Relationship by the bioMérieux Connection Editors
Découvrez dans ce dossier Grand Angle des éditions John Libbey
Pourquoi le sepsis est au cœur des enjeux de la politique de santé et quelle est l’expérience du CH Valenciennes dans le déploiement d’une solution globale sepsis ?