Mark Miller
MD, Executive VP ;
Chief Medical Officer -bioMérieux

Biologie hospitalière

La « pandémie silencieuse », que représente la résistance aux antibiotiques, est déjà à nos portes.

Le « rapport O’Neill » 1 de 2016 a mis pour la première fois en évidence l’immense impact économique que la résistance aux antibiotiques (antibiorésistance) représente à l’échelle mondiale, avec des prévisions pour l’avenir très inquiétantes. La méthodologie est solide et les chiffres effrayants. Pour autant cette analyse est reconnue comme une estimation prudente car les agents pathogènes résistants aux antibiotiques pris en compte dans cette étude ne représentaient qu’une fraction de ceux qui affectent aujourd’hui les populations mondiales.

Plus récemment, une analyse systématique évaluant le poids mondial de la résistance aux antimicrobiens, publiée dans The Lancet, a révélé un bilan dévastateur. Pour l’année 2019, exemple d’une « année type », près de 5 millions de décès annuels étaient associés à l’antibiorésistance, dont près de 1,3 million de décès directement attribuables à une infection à bactérie résistante.

Parmi les multiples actions qui ont été décrites pour lutter contre cette menace croissante, le rôle essentiel du diagnostic in vitro est apparu comme un levier important. L’utilité des tests diagnostiques dans ce contexte peut être classée en 4 catégories :

  • La surveillance de l’antibiorésistance. L’identification des agents pathogènes et les tests de sensibilité aux antibiotiques sont les pierres angulaires de la surveillance de l’antibiorésistance. Sans ces données, il n’y a aucun moyen de connaître la présence, le type et l’étendue des résistances, aucun moyen de savoir où et comment intervenir, et aucune méthode pour suivre l’efficacité des mesures de prévention et contrôle des infections.
  • Une aide à la prise de décision, grâce au diagnostic individuel des patients. Les tests diagnostiques fournissent des informations clés, en fonction de chaque patient, afin d’aider à réduire l’utilisation inappropriée des antibiotiques :

a) Diagnostic différentiel entre une infection et un état inflammatoire non infectieux.
b) Diagnostic différentiel entre les infections bactériennes et virales
c) En cas d’infection bactérienne, identification du ou des agents pathogènes en cause
d) Détermination du(des) profil(s) de sensibilité aux antibiotiques du(des) pathogène(s) identifié(s) afin d’optimiser l’antibiothérapie.
e) Aide à l’arrêt précoce de l’antibiothérapie, en toute sécurité, afin de réduire l’exposition du patient aux antibiotiques

  • Une caractérisation du système immunitaire et la réponse à l’infection, pour une valeur pronostique et thérapeutique.
  • Une aide au développement de nouveaux anti-infectieux, en accompagnant les essais cliniques dans l’inclusion des patients les plus pertinents ou en prédisant rapidement quels patients seraient susceptibles de bénéficier de ces nouvelles thérapies dans le cadre d’une médecine personnalisée. Les tests de diagnostic in vitro permettraient également d’améliorer l’efficience des essais cliniques, d’en réduire les coûts globaux et d’augmenter les probabilités de démontrer leur efficacité et leurs bénéfices.

  1. O’Neill J. Review on Antimicrobial Resistance Antimicrobial Resistance: Tackling a crisis for the health and wealth of nations. London : Review on Antimicrobial Resistance, 2014.
  1. Antimicrobial Resistance Collaborators : Global burden of bacterial antimicrobial resistance in 2019: a systematic analysis. Lancet. 2022; 399(10325):629-655.

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